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très curieux. Il y a des alliances secrètes, des traités occultes, en vertu desquels l’erreur semble réconcilier les ennemis, afin de les unir dans une haine générale, supérieure à la haine particulière qui les animait. Il y a, en effet, des intérêts plus ou moins grands. Quelquefois l’erreur, qui pourtant aime bien tendrement la haine, sacrifie une haine secondaire, une haine privée, une haine humaine, au profit de la haine supérieure, capitale et infernale, qui est la pierre angulaire de ses remparts : la haine de la vérité révélée et surnaturelle… L’erreur ne fait ces sacrifices-là qu’à la dernière extrémité ; mais s’il l’eût fallu absolument, elle eût réconcilié Luther et Carlstadt.

L’union est donc bien nécessairement la loi de la force, puisque l’erreur elle-même, l’erreur, qui, par nature, est la négation de l’union, se voit réduite à puiser, dans les ruines qu’elle fait, l’image brisée du monument qu’elle veut détruire, pour donner à l’ombre de son palais l’ombre de la solidité en lui communiquant l’ombre de l’union.

Et nous, nous qui n’avons pas besoin, pour être unis, de parodies, nous qui habitons le temple de l’unité, nous qui sommes les rameaux de la vigne, nourris du Dieu un, nourris de la même foi, nous qui avons reçu sur la tête l’eau du baptême, nous qui adhérons à la vie, n’est-il pas temps pour nous de déjouer les efforts de l’enfer qui voudrait nous paralyser en nous refroidissant ?