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LE FEU



Je crois qu’on peut poser la loi suivante : plus un individu monte les degrés de l’échelle des êtres, plus son intelligence, son attrait, sa puissance, le portent à s’occuper du feu. Les animaux ne s’en occupent pas.

« Le chien, dit de Maistre, le singe, l’éléphant demi-raisonnant, s’approcheront du feu et se chaufferont comme nous avec plaisir ; mais jamais vous ne leur apprendrez à pousser un tison sur la braise, car le feu ne leur appartient point ; autrement le domaine de l’homme serait détruit. »

En général, quand de Maistre aborde un objet, il le transperce. Il n’enveloppe pas, il perce ; tel est son caractère propre.

Beaucoup plus occupé de l’utile que du Beau, de Maistre a dû, en face du feu, considérer surtout l’usage, non l’éclat, et il a remarqué que l’usage du feu, sa disposition, son édification est réservée à l’homme. L’amour du feu est un des caractères de notre race. Mais de Maistre ne s’est pas demandé pourquoi.

L’animal peut en effet, non se procurer le feu, mais jouir du feu qu’on lui présente.

Seulement sa jouissance s’arrêtera à la sensation : il jouira du feu, comme il jouirait de