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Faut-il s’étonner que le Christ ait dit la vérité, et que les méchants chassent ses disciples des villes, et que les impies se rendent à eux-mêmes la justice qu’ils méritent, en se retranchant de la société des saints ? Vraiment, les choses visibles sont une frappante image des choses invisibles ; car, dans le siècle à venir, ce n’est pas Dieu qui accomplira la séparation méritée, mais les mauvais s’éloigneront eux-mêmes de Dieu. Je ne suis donc pas assez insensé pour imaginer que vous ayez de la douleur… Au reste, tout en adressant un blâme légitime à ceux qui vous persécutent, et qui pensent follement éteindre le soleil de l’Évangile, je prie Dieu qu’ils cessent enfin de se nuire, qu’ils se convertissent au bien, et vous attirent à eux, pour entrer en participation de la Lumière. Mais, quoi qu’il arrive, rien ne nous ravira les splendeurs éblouissantes de l’apôtre Jean, etc., etc. »

Ce coup d’œil jeté par saint Denys sur saint Jean dans son exil, me paraît digne de celui qui regardait et digne de celui qui était regardé. Il semble à saint Denys que la société païenne n’a pas éloigné d’elle-même saint Jean, mais que, se rendant justice, elle s’est éloignée de lui. Ainsi, pour saint Denys, la Patrie devenait Pathmos, puisque Pathmos gardait l’enfant chéri de la Lumière éternelle, et César s’était exilé dans la cour où régnait l’obscurité. Cette image symbolique et anticipée de la justice définitive est sublime, et je ne la lis pas sans frissonner. Vraiment les cho-