Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il craint que l’expansion ne soit pour lui la dissolution.

Or le contraire arrive avec une précision qui fait frémir.

Savez-vous quel est le chez soi de l’homme, le chez soi par excellence, le symbole et le triomphe de l’homme muré ?

Ce lieu s’appelle le tombeau. Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière, dit l’Église un certain jour.

Il est certain que le chez soi de l’homme, absolument parlant, c’est le tombeau. Donc, si l’égoïsme avait raison, si celui qui se mure dans la prison de lui-même, garanti contre le grand air, garanti contre le dehors, si celui-là se gardait pur et intact, le tombeau serait la demeure inviolable, la demeure de l’intégrité.

Admirez ce qui se passe ! L’égoïsme est si bien la mort, que le tombeau livre à la décomposition, à la désorganisation, à la pourriture celui qu’il préserve de l’air et de la vie. Il garde enfin celui qui lui est confié, mais il le garde pour les vers qui attendent leur proie.

Le tombeau, c’est l’homme qui s’enferme en lui-même.

Vous souvenez-vous de la Parole qui fut prononcée, après les quatre jours historiques ? Lazare, veni foras.

La même voix parle à tous les cœurs morts et leur dit incessamment, dans la plénitude de l’amour :

Sors de chez toi.

Sors de chez toi : veni foras.