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passion est une erreur de nom qui amène une altération de substance. La passion est une idolâtrie qui voudrait communiquer à une créature le nom trois fois saint, le nom incommunicable.

À cette hauteur la tragédie et la comédie disparaissent devant une œuvre qui n’a pas encore été faite. Cette œuvre pourrait s’appeler le drame, si l’on écarte absolument de ce nom toutes les idées et toutes les œuvres qu’on a rattachées à lui jusqu’à ce jour. Les passions sont pathétiques accidentellement : elles sont comiques naturellement.

La tragédie ne les étudie pas : elle les admire. La tragédie, dupe des passions, s’arrête au pathétique. Elle constate leurs effets en ignorant les causes. Elle déclame avec enthousiasme sur les malheurs que les passions produisent et célèbre en même temps la beauté des passions qui produisent ces malheurs. La tragédie ressemble à une hymne de gloire que l’homme malheureux chanterait au malheur. On dirait l’adoration de la catastrophe. La tragédie ressemble au culte de la mort considérée comme déesse.

La comédie s’aperçoit que la nature des passions est comique, mais elle s’arrête au moment où il faudrait prendre son essor.

Le drame dont je parle comprendrait que les passions et les erreurs, au lieu d’être les moyens et les sujets du drame, comme on l’a toujours pensé, en sont les obstacles, les négations, les contradictions. Le drame compren-