Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/247

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’écueil est partout et que la route n’est nulle part. Comme l’élévation d’esprit manque à Molière aussi complètement que la connaissance du vrai, il ne cherche pas la lumière plus qu’il ne la possède. Il promène dans les bas-fonds sa lanterne qui jette une lueur fausse et s’égare avec ses personnages dans les impasses sombres où il se promène lui-même avec eux. Aussi Molière en se moquant des autres, se moque de lui-même continuellement. C’est lui qui est Alceste, c’est lui qui est Georges Dandin. Mais son ironie, juste Bans miséricorde, frappe et ne redresse pas. On sent qu’il sera stérile pour lui comme pour les autres. Elle ne contient pas la paix.

Elle est vide de l’espérance. Il semble considérer la vie comme un jeu où tout le monde perd la partie. Si Molière avait raison, le comique serait l’essence des choses, de sorte que si l’on voulait considérer sérieusement son œuvre, et lui donner un sens philosophique, il faudrait dire que chez lui le comique est l’envers du blasphème.

Mais jamais il n’eut cette intention.

Pour traiter un sujet, il faut le dominer. Si jamais il arrive un écrivain comique, cet homme possédera le rire, au lieu d’être possédé par lui. Il ne rira pas à propos de tout. Il saura la place du rire, et placera toujours dans le voisinage quelques larmes rafraîchissantes. Cet homme saura que le comique devient horrible, s’il est isolé, que nul ne doit loucher une plaie humaine, s’il n’a rien pour