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La simplicité des créatures a pour condition l’abandon de l’amour-propre. Cet abandon conviendrait essentiellement à l’art qui ne vit pas sans beauté. L’art qui songe aux applaudissements, abdique. Il regarde en bas au lieu de regarder en haut. Il pose sa couronne sur le front de la foule. Dans beaucoup de tableaux, les personnages semblent étrangers les uns aux autres et occupés du spectateur qui se promène dans la galerie. Ils ne pensent pas à ce qu’ils font, ils pensent à nous, ils nous regardent : c’est pour nous qu’ils sont là, non pour l’acte qu’ils accomplissent. Ceci arrive surtout aux tableaux qui représentent des enfants, et en ce cas, il se produit un accident étranges et fâcheux ; l’art rend les enfants ridicules.

L’amour-propre est le sentiment qu’éprouverait le néant, s’il se repliait sur lui-même, pour se complaire en lui, au lieu d’aspirer à l’être. Le ridicule découle de ce sentiment qui est son essence elle-même.

Jusqu’ici nous nous promenons dans les domaines du rire sans rencontrer le comique. Qu’est-ce donc que le comique ?

La vie a bien des aspects. Le même fait peut être envisagé de mille manières. Plus le regard pénètre au fond, plus le sérieux éclate. Mais le regard de l’homme, pour se reposer, aime souvent à se promener au lieu de pénétrer, ou du moins, à montrer l’extérieur et non l’intérieur de l’objet aperçu.

Or la situation qui, vue au fond par son