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exemples ; les gamins de Paris ont quelquefois ce talent.

Mais est-ce là le comique ? Pas le moins du monde. C’est le plaisant quelquefois, ce n’est jamais le comique.

La plaisanterie court en jouant sur le bord des choses : elle les regarde extérieurement, et son coup d’œil oblique les groupes d’une façon capricieuse et originale. On rit, et le but est atteint. Quand Gavroche, dans les Misérables, voit un chien très maigre dont les côtes se dessinent sous la peau, il lui dit : Mon pauvre toutou, tu as donc avalé un tonneau, il fait une plaisanterie et ne demande pour réponse que le rire. Sa phrase peut bien être plaisante, le comique est à mille lieues de là.

Quand un homme veut se donner une importance qu’il n’a pas, quand il a des prétentions, quand il vise plus haut que sa portée ne le lui permet, on se moque de lui. Est-il donc comique ? Pas encore, ou du moins pas toujours. Est-il plaisant ? Pas le moins du monde.

Il est seulement ridicule.

Le ridicule est l’effet immédiat de l’amour-propre. De quelque côté que souffle le vent, les fleurs ne sont pas ridicules. Les animaux ne le sont jamais, à moins que l’homme ne fausse à dessein leur nature. C’est que les fleurs et les animaux ne font aucune réflexion sur l’effet qu’ils produisent. Voilà le secret de leur grâce. La fleur qui se balance et le chevreuil qui court ne posent devant aucun spec-