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Désir, et le Désir est le Précurseur de la Justice.

Il y a entre ces deux mots : Désir, Justice, une corrélation mystérieuse et profonde. Quiconque a le Désir en lui, a la Justice devant lui, comme le pain de sa faim, et le vin de sa soif.

Daniel signifie Justice de Dieu, et le Prophète qui possédait ce nom a reçu d’un ange cet autre nom (si toutefois il est permis de dire que ce soit un autre nom), Homme de Désirs.

J’ai voulu élever la critique assez haut pour qu’elle pût cesser d’être une irritation, et devenir un apaisement.

J’ai voulu la placer assez haut pour qu’elle pût dominer la poussière et la fumée du combat.

Car, après le Désir, il faut nommer la Justice, et après la Justice, il faut nommer la Paix.

Je ne parle pas de la paix négative des muets qui se regardent ; je parle de la paix glorieuse, celle qui chante.

Je voudrais que cette œuvre de Désir et de Justice fût aussi une œuvre de Paix.

Je voudrais que la critique vînt s’asseoir sur la montagne très solennellement.

Mais qu’est-ce qu’un livre, en face de ces mots : Désir, Justice, Paix ? Qui pourra mesurer son impuissance ? Qui pourra mesurer sa faiblesse et la résistance de la distraction, et l’étendue du désert où sa voix va crier ?