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le bord d’un abîme, et l’abîme a attiré sa proie. Cet abîme, c’est la fatalité.

Le spectateur dont je parlais tout à l’heure, celui qui voit passer les hommes, et se demande vaguement si l’homme qu’il cherche est au milieu d’eux, est sur la route de l’anxiété et du désespoir, s’il est livré à lui-même.

La vie privée des hommes, la vie publique des nations, l’instinct secret, la littérature, le roman, l’histoire, le souvenir du passé, les besoins du présent, l’attente de l’avenir, tout avertit l’homme qu’il peut avoir besoin de deviner, et il n’y a pas de règle pour bien deviner.

De là le sphinx.

Si la fatalité était vraie, toutes les questions seraient insolubles, et l’unique réponse qui leur conviendrait à toutes serait le désespoir.

Mais, en général, les questions qui semblent appeler une réponse désespérante sont des questions mal posées, et les réponses désespérantes sont souvent aussi superficielles qu’elles semblent profondes.

La vie est pleine d’obscurités et bien heureux celui qui devine !

Cependant il n’existe pas, pour deviner, un procédé connu comme pour faire une règle d’arithmétique.

Il y a souvent en ce monde une inconnue à dégager, un X, un grand X qui défie les ressources de l’algèbre.