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La troisième consiste à l’analyser, à s’emparer de son secret, à lui arracher le cœur.

Alors on trouve l’or dans l’arsenic et le vrai dans toute chose.

« Quelle vérité, disait de Maistre, ne se trouve pas dans le paganisme ! »

Et il cite, à l’appui de sa proposition, une foule d’exemples. Il énumère les secrets que l’antiquité a trahis. Car l’antiquité trahit les secrets qui lui ont été confiés, elle les trahit de deux manières. Elle les révèle, et elle les corrompt.

Or, parmi les secrets que l’antiquité trahit, de Maistre aurait pu compter le sphinx.

Le sphinx est un monstre qui propose l’énigme de la destinée, il faut deviner l’énigme ou être dévoré par le monstre. Quoi de plus absurde ? Mais quoi de plus profond, si les hommes savaient lire ?

Il y a, dans la langue humaine, un mot bien singulier. Car la chose qu’il exprime ne semble pas être à la disposition de l’homme. Et cependant elle est pour l’homme d’une importance qui fait frémir. Pour accomplir cette chose, il n’y a pas de procédé connu, et cependant nul ne peut dire à quel regret s’expose celui qui ne l’accomplit pas. Le mot qui exprime en français la chose dont je parle, est le mot : deviner.

La vie mêle ensemble les personnes et les choses : le bien, le mal, le médiocre, le très bien, le très mal, le sublime, le hideux ; tout cela se coudoie dans les rues. La terre, qui est