Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/235

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LE SPHINX



L’Antiquité, qui corrompait tout, donnerait de singulières leçons à qui saurait ne pas se laisser duper par elle. L’admiration qu’on nous inflige en sa présence nous trompe de deux manières. D’abord cette admiration nous fait respecter ce qui est méprisable ; ensuite elle nous empêche de découvrir, au fond du mensonge, la vérité que ce mensonge contient. Pour profiter d’un mensonge, il faut le connaître à fond ; il faut le percer à jour ; il faut être le contraire d’une dupe ; il faut être un chimiste qui dégage du poison la substance que le poison cache et corrompt. Il paraît que l’arsenic contient de l’or. Mais, pour découvrir l’or, comme il faut avoir regardé profondément dans la substance de l’arsenic ! comme il faut lui avoir arraché son secret !

Il y a trois façons de se comporter vis-à-vis du poison.

La première consiste à l’avaler, c’est ce qu’on fait généralement.

Alors on admire l’antiquité, on absorbe l’arsenic et on meurt.

La seconde consiste à le rejeter sans le connaître, alors il devient inutile.