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PRÉFACE


J’ai eu faim et soif de la Justice, j’ai voulu la faire, j’ai voulu la penser ; j’ai voulu la parler. J’ai voulu mettre à leur place les hommes et les choses, j’ai voulu prendre leur mesure, et la donner.

J’ai voulu peser certaines œuvres et indiquer leur poids.

J’ai voulu dire ce qui m’a paru vrai, sans souci de l’erreur reçue.

J’ai voulu jeter un regard du côté de certaines têtes, pour voir si elles étaient hautes comme on le disait.

Et j’ai dit la taille qu’elles m’ont paru avoir.

J’ai promené la balance à travers le monde intellectuel, n’ayant qu’un poids et qu’une mesure, et j’ai laissé les plateaux monter ou descendre comme ils voulaient, abandonnés aux lois de l’équilibre.

Les chapitres de ce livre ne sont pas juxtaposés par une unité mécanique. Ils sont liés, si je ne me trompe, par une unité organique. Cette unité, c’est la faim et la soif de la Justice.

Or la faim et la soif courent où elles veulent, et je les ai laissées courir.

La faim et la soif sont les symboles du