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La preuve de la personnalité réelle de l’homme qui fut Homère se trouve, je crois, dans le sujet de l’Iliade ainsi considérée. Si le poème portait sur la guerre de Troie, il pourrait être, comme on l’a pensé, l’œuvre de plusieurs : les poètes cycliques ont parlé à peu près comme Homère ; ils ont traité les mêmes sujets ; ils ont tout pris de leur maître, jusqu’à son a vieux dialecte ionien. Arctinus de Milet a raconté la guerre de Troie depuis la mort d’Hector jusqu’à la lutte d’Ajax et d’Ulysse. Leschès de Lesbos a continué son œuvre et a suivi les événements jusqu’à la prise de Troie ; Augias de Trézène, dans son poème Νóστοι, a raconté le retour des chefs grecs : mais aucun d’eux n’a réuni et groupé les faits autour de cette unité morale terrible : la colère d’Achille. Homère, en déclarant aux premiers vers de l’Iliade qu’il fait de l’inaction d’Achille l’action de son poème, nous a laissé, avec la marque de son génie, la preuve de sa personnalité et de son existence réelle.

Le génie n’est pas collectif.

Or voici, je crois, comment il faut comprendre l’Iliade pour en suivre l’histoire à travers la littérature grecque, qui en est le développement.

Achille, c’est le Destin ; Hector, c’est l’Humanité.

Achille, dans sa haine, punit d’une façon caractéristique ; il ne punit pas en frappant, il punit en se retirant ; il dit à Agamemnon :

« Va, pasteur des peuples et roi des rois : je