les splendeurs entrevues. La joie qu’il nous apporte est la joie du triomphe : la solidarité nous prend au cœur et toutes les gloires humaines sont les nôtres. Molière nous refuse ces transports, parce que son horizon s’arrête à notre misère. La faiblesse incurable appelle le désespoir. L’élément dramatique c’est la faiblesse combattue, transfigurée par la force, ramenée à elle, fondue en elle. Jamais l’homme ne sera content si vous ne lui parlez pas de sa grandeur. Or la lutte, chez Molière, ce n’est pas la lutte de la force et de la faiblesse, c’est la lutte de deux faiblesses entre elles. Celle-ci, au lieu d’élever l’âme, la décourage, par l’ignominie du choix offert. Molière est un observateur, un analyste ; n’essayons pas d’en faire un moraliste ! C’est un homme de talent ; n’essayons pas d’en faire un homme de génie.
Toute comédie se dénoue par un mariage, et la comédie de Molière a pour effet d’avilir le mariage. Le mariage apparaît là, comme une formalité commode au cinquième acte. Il est dépouillé de sa majesté divine, dépouillé de sa majesté humaine. Je ne pense pas que la tête étroite de Molière ait contenu, même un instant, la seule idée du sacrement. Le mariage est pour lui le résultat d’une passion et d’une intrigue, puis le moyen de faire tomber le rideau. Or la passion et l’intrigue sont choses trop inférieures pour être associées à l’idée du mariage. L’harmonie, sous toutes ses faces, ayant échappé à Molière, le mariage de-