tère d’un homme. La comédie permet de présenter à la fois plusieurs passions, plusieurs aspects du même individu, plusieurs relations extérieures, en un mot, les caractères.
À ce point de vue curieux, Alceste est l’Oreste de la comédie ; Mithridate est l’Harpagon de la tragédie.
Donnez à Oreste la permission d’étendre un peu ses rapports avec le monde extérieur, ne le bornez plus à Hermione et aux Furies : vous avez Alceste. Célimène est une Hermione qui vit, au moins, de la vie des salons. La passion d’Oreste pour Hermione ne s’expliquait pas, parce que cette passion n’avait pas d’air autour d’elle. Le drame se jouait dans le vide. La passion d’Alceste pour Célimène se conçoit, parce que ces deux individus n’étant pas isolés sur la terre, Alceste ayant vu d’autres femmes, Eliante étant là, cette passion est une préférence, et cette préférence s’explique par son absurdité même. La passion a sa logique, qui est l’absurde absolu.
Célimène étant la femme du monde la moins faite pour Alceste, il est naturel non pas qu’ Alceste l’aime, mais qu’ Alceste en soit fou. (Si jamais le bon sens troublé reprend sa forme et son calme, j’espère que la Parole, redevenue le miroir de la Pensée, ne nommera plus du même nom l’homme qui aime et l’homme qui est amoureux.)
La haine fausse d’Alceste pour le genre humain explique l’amour faux qu’il conçoit pour Célimène. Il se jette contre un écueil,