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L’homme isolé des éléments multiples de sa vie, et réduit à une passion isolée, disparaît pour faire place au héros.

Le héros est un personnage de convention qui se débat sans vivre, dans un milieu abstrait.

L’homme est en rapport avec Dieu. Mais le héros n’a affaire qu’au sort.

L’idéal remplacé par l’abstrait : le réel remplacé par le convenu.

Dieu remplacé par le Destin, l’homme par le héros, la nature par un vestibule.

Telles sont les conséquences du système tragique moderne.

Dans l’ordre de la vie, l’homme ne peut s’isoler que s’il s’isole en Dieu ; là, d’ailleurs, il retrouve tout. Dieu est le seul confident qui lui suffise.

Le système de la comédie, parce qu’il est dispensé de la noblesse, exclut moins de choses. Il exclut encore, nous allons le voir, Dieu, et par conséquent l’âme : mais comme il n’exclut pas complètement les détails de la vie, l’homme peut apparaître avec ses relations extérieures, c’est-à-dire avec son caractère.

Le caractère de l’homme, c’est l’instabilité et la faiblesse dans la vie.

Le caractère du héros, c’est la fixité et l’aplomb dans la mort.

La nature de l’homme, ce qui détermine sa façon d’être, ce qui le distingue de tel autre homme, n’existe pas dans le héros. Aussi le style est-il divers entre les hommes et com-