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Nous allons essayer de jeter la sonde et de mesurer la profondeur de ses différentes tentatives.

L’Art peut considérer l’homme dans son rapport avec telle personne ou telle chose en particulier.

Il peut le considérer dans ses rapports avec les personnes ou les choses en général.

Il peut le considérer dans ses rapports avec lui-même et avec l’infini.

Le drame, le conte sont nés du besoin qu’éprouve l’homme de se mettre en scène et de se regarder. Là il est son propre confident, il voit jouer à découvert les ressorts qui le font agir, il voit l’amour et la haine des êtres.

Mais comme l’homme obéit en toute chose à la tentation de se séparer, il regarde souvent un seul point de lui-même en rapport avec un seul objet. Quand il regarde fixement un point unique dans le monde intérieur, et un point unique dans le monde extérieur il arrive à la peinture d’une passion. Mais la vie exigeant, pour se manifester, un système complet de sentiments et d’actions ; la vie exigeant, pour se développer, une certaine étendue de relations, la passion, dès qu’elle est isolée, devient abstraite.

Tombant dans ce piège, le drame s’est appelé la tragédie.

La tragédie a pris le convenu pour le réel et l’abstraction pour l’idéal.

La chute du réel et celle de l’idéal entraînent celle de l’homme.