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LES PASSIONS, LES CARACTÈRES LES ÂMES



L’homme a toujours étudié l’homme. Il se regarde avec une curiosité mêlée d’inquiétude. Il s’admire, il se méprise, il s’étonne, il se creuse, il se regarde en tous sens, comme s’il voulait trouver et dire, sur ce personnage bizarre qui est lui-même, un dernier mot, un mot qu’on n’ait pas encore dit. Or, pour le dire, ce mot, l’homme doit arrêter son regard sur l’homme ; mais il ne doit pas arrêter son regard à l’homme. Pour se voir, il faut qu’il se domine. Il faut qu’il se place au-dessus de lui pour se connaître. Il faut qu’il parte de haut pour aller au fond. Le regard ne plonge dans les abîmes que quand il tombe des hauteurs.

L’Art, dans ses études sur l’homme, a pris mille formes, mille aspects, mille habitudes, mille sentiments. Il a ri, il a pleuré, il a frémi. Il s’est divisé (car l’homme classe toutes choses), il s’est divisé, et quand la division vraie, la division organique lui a échappé, il a inventé, en se considérant sous ses divers costumes, la division mécanique des genres. Il a fait des tragédies, il a fait des comédies. En somme, qu’a-t-il fait ?