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L’Ambition peut venir d’une certaine force, et l’Envie vient toujours de la faiblesse. Mais elles peuvent devenir identiques. Quand l’Ambition, au lieu de sortir d’un lieu intérieur et profond, naît seulement d’un regard méchant jeté sur les têtes les plus hautes, l’Ambition s’appelle Envie. Mais, même dans ce cas, surtout dans ce cas, elle repousse avec horreur ce nom qui serait une lumière. Elle le repousse, car c’est le nom que le catéchisme lui donne.

L’Envie et l’Ambition représentent assez bien les deux tendances humaines qui se manifestent, chez les natures basses, par la première de ces deux choses, chez les natures hautes, par la seconde.

Le danger est des deux côtés. Seulement l’Ambition qui éclate a plus de chances d’être avertie d’elle-même par les malheurs qu’elle attire ordinairement, par les ruines qu’elle fait, par les effusions de sang et les larmes qu’elle a l’habitude de provoquer.

L’Envie proprement dite, celle qui reste dans le cercle des méchancetés de la vie bourgeoise, a plus de chances de rester inconnue à elle-même, parce qu’elle n’étale pas les preuves autour d’elle et que l’œil de l’observateur est le seul qui la découvre.

L’Envieux, dans la vie vulgaire, ne fait rien d’éclatant. Il peut se déguiser sous mille habits qui tous lui vont assez bien. Son venin est si subtil que sa langue ne le sent pas, et