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connaissance de tous. Tropmann a peut-être eu dans sa prison, grâce aux journaux, des transports d’orgueil. Il a certainement méprisé les assassins moins heureux qui n’attiraient pas les yeux de Paris. La publicité est une parodie de l’aveu. Elle donne la publicité au crime qu’elle raconte. Autour de la tête qui devra être coupée, sa main pose une auréole. Or la publicité, cette consolatrice qui ment si haut, ne se donne jamais aux crimes inférieurs. Ceux-ci n’ont jamais la ressource d’espérer l’attention européenne. Par là ils déplaisent à leur auteur.

Quel est l’homme qui s’est illustré par l’Envie ? L’Avarice d’un misérable se raconte à voix basse, dans les maisons du voisinage. L’avare et l’envieux se cachent à eux-mêmes cette chose sans preuve précise et sans retentissement extérieur, qui ne groupera jamais la foule autour d’eux. L’avare se dit : Je suis économe. L’envieux se dit : Je suis ambitieux. L’Ambition augmente dans la mesure où elle se proclame. L’ambitieux croit que son ambition atteste la grandeur de sa nature emprisonnée.

Tous les crimes que son ambition lui fera commettre sont des titres de noblesse à ses yeux, et comme les comparaisons les plus flatteuses sont celles qu’il choisit, il est à ses yeux un grand personnage historique, à qui tout est permis, parce que tout lui est dû.

L’Ambition et l’Envie ne se ressemblent pas.