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une faute ; elle est une infériorité de nature. L’Envie est le crime de celui qui est au-dessous et qui regarde au-dessus avec l’œil d’un assassin. Or l’homme avoue bien plus facilement les bassesses de sa volonté que les bassesses de sa nature. Il veut bien avoir péché en bas. L’envie, dit Bossuet, est l’effort d’un orgueil faible ; ce qui arrête l’aveu sur les lèvres de l’homme, c’est ce dernier mot. L’homme veut bien proclamer son orgueil, quelquefois même cette proclamation le chatouille agréablement. Mais il ne veut pas proclamer que cet orgueil est faible, et que le terrain inférieur sur lequel il rampe lui mérite le nom d’Envie.

Et comme l’homme ne peut guère garder parfaitement un secret, il est porté à ne pas s’avouer à lui-même ce qu’il est décidé à ne pas avouer aux autres.

Qui oserait dire, même à un ami intime : Je suis un ingrat !

Cet aveu ressemblerait à une flétrissure. Il n’indiquerait pas seulement un accident de la volonté, mais une habitude, une manière d’être, une certaine chose qu’on ne dit ni à soi-même ni aux autres.

Tous les vices qui peuvent rendre un homme célèbre s’avouent facilement ; car ils sont la corruption d’une grandeur quelconque.

Tous les vices qui par leur nature vivent dans l’obscurité se nient.

On les nie à soi-même et aux autres. Le mé-