fatigués et désarmés. Ils se sont tant battus entre eux qu’ils n’ont plus de force contre l’ennemi.
L’Envie les a destitués de leur puissance pour les livrer, pieds et poings liés, à celui qui veut les prendre et les manger ; celui-là n’est jamais loin. L’Envie prépare des proies au monstre qui guette et qui cherche. Il cherche qui dévorer, et se demandant quel serviteur envoyer devant lui pour préparer des proies faciles, il envoie, pour perdre les autres, celui dont il s’est servi pour se perdre lui-même. Comment ferai-je bien, se dit-il, pour les renverser ! Et sa mémoire venant au secours de sa malice : Comment ai-je fait, dit-il, pour me renverser moi-même ? La chose est bien simple, je dirai aux autres ce que je me suis dit.
Le projet de devenir comme un Dieu est à tous les degrés de l’échelle qui descend. Il est dans les lieux les plus profonds, les plus cachés, les plus intimes. Il est dans les fanfares et les pompes que le baptême a prises pour ennemies.
(Pompe est un mot bizarre, qu’on lit dans le Catéchisme quand on a douze ans, et qu’on oublie ensuite.)
Il est dans les révolutions domestiques et sociales ; il est dans les abîmes et sur les montagnes de ce monde ; il a pris sa naissance (je parle de sa naissance humaine) dans le jardin des délices qui aurait dû protéger contre lui. Mais il était déjà né ailleurs.