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L’ENVIE



L’Envie est la parodie du Désir, optimi corruptio pessima. Le Désir est ce qu’il y a de plus haut dans l’homme. L’Envie est ce qu’il y a de plus bas. Le Désir, c’est l’aigle ; l’Envie c’est le serpent. Ces deux, ennemis sont en présence : le Désir, à l’heure qu’il est, plane dans les régions hautes ; l’Envie, à l’heure qu’il est, rampe dans les régions basses.

Tous les mondes sont remués : le monde invisible par le Désir, le monde visible par l’Envie. Toute l’histoire du dix-neuvième siècle ressemble à une invitation. La transition est si visible, l’accident si étrange, le mouvement si solennel, que toute âme est entraînée ou en bas, par l’Envie, ou en haut, par le Désir.

L’immobilité, qui semblait possible autrefois, semble impossible aujourd’hui. Il semble que les hommes, habitués autrefois à occuper un certain milieu dans l’espace intellectuel, éprouvent le besoin de se précipiter violemment, en haut ou en bas, à droite ou à gauche.

Jamais, à aucune époque, il n’y eut un tel contraste entre la chose désirée et la chose obtenue, entre l’idéal humain et la réalité humaine. Jamais l’homme n’a tant parlé de