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lord, il fera mauvais temps cette nuit ; ma chère Régane est de bon conseil.

Ainsi, ils se font des compliments. Il suit les bons conseils de sa chère Régane, et cependant le vieillard s’enfuit, en poussant ce cri terrible :

« Je ne sais pas ce que je ferai ; mais ce sera l’épouvante de la terre ! »

Il ne sait pas ce qu’il fera ! car c’est l’ingratitude qui vient de le toucher. S’il faisait une menace, il craindrait de donner une limite à sa colère. Sa colère est quelque chose d’indéterminé qui répugne à une vengeance circonscrite. Il veut épouvanter le monde, parce que cela présente un tableau immense et vague ; mais toute précision dans l’acte qu’il médite serait une gêne pour sa colère qui demande une vengeance infinie. La détermination de la vengeance circonscrirait la colère ; il craindrait d’attenter à l’immensité de sa fureur, s’il assignait une forme au châtiment dont il a soif.

Nous sommes ici fort loin des caprices qui ont donné naissance à Roméo et Juliette. Nous sommes dans l’âme humaine, profonde et sérieuse. Nous ne sommes plus dans les jeux de mots. Nous sommes dans les cris. Le troisième acte est beau.

La folie est dangereuse sur la scène, et partout où l’art la représente. Elle court deux risques, celui d’être comique et celui d’être arrangée. Comique ! quel étrange danger, et pourtant il est réel. Telle est la misère de la