Mais la colère d’Achille porte sur l’enlèvement d’une esclave, ce sujet est léger.
Βὴ δ’ακέων παρὰ τίνα πολὺφλοσϐοῖο θαλάσσης.
Mais, pour se promener terrible, et dans un silence redoutable, au bord de l’Océan, pour s’exalter au bruit des vagues, il faudrait penser à quelque chose de plus profond que l’enlèvement de Briséis, et de plus digne d’une grande fureur.
La dignité, qui manque aux occasions de la colère d’Achille, ne manque pas à la colère du roi Lear.
Il est indigné par l’ingratitude : or l’ingratitude est purement la chose qui réclame l’indignation.
L’indignation est due à l’ingratitude comme le payement d’une dette à un créancier.
Mais voici ce qu’il y a de superbe. Le roi Lear subit l’injustice de ses filles, à cause de l’injustice qu’il a fait subir à sa fille.
Gonérille et Régane vengent Cordélia.
La première scène nous introduit admirablement dans l’injustice, et c’est le roi qui la commet.
Les deux filles menteuses et froides accablent leur père sous les protestations d’amour les plus insensées. Elles n’aimeront jamais leur mari : elles n’aimeront que leur père. Mais alors, dit Cordélia, pourquoi se marier ? Il est clair que si je me marie, j’aimerai toujours mon père, mais je ne l’aimerai pas uniquement.