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Edouard, celle du roi Henri VI H celle de Clarence, apparaissant au meurtrier, prononcent des malédictions qui ressemblent aux cris de la fureur et de la douleur, non pas à ceux de la justice. Au moment où elles maudissent, elles semblent maudites elles-mêmes. La paix n’est pas dans leur fureur ; elle ne pénètre pas dans l’âme du lecteur. Le châtiment le plus épouvantable peut donner l’impression d’une paix profonde d’une paix céleste et d’une paix miséricordieuse. Il n’y a pas schisme entre la justice et la miséricorde. La sainteté qui punit, et la sainteté qui pardonne, et la sainteté qui récompense, sont toutes trois la même sainteté. Mais alors il faut que la paix préside au châtiment ou au pardon, ou à la récompense. Dans Shakspeare, c’est le désespoir qui prononce la malédiction, et le refrain qui sort des lèvres des ombres : désespère et meurs, semble sortir du désespoir pour produire le désespoir.

Dans la Tempête, Caliban est infernal mais Ariel n’est pas véritablement angélique. C’est un ange de théâtre qui ne peut pas faire illusion. Les connaissances d’en bas se donnent volontiers au premier venu ; mais les connaissances d’en haut mettent des conditions aux dons d’elles-mêmes. Pour la mystique infernale, la science suffit. Pour la lumière divine, la science ne suffit pas ; il faut que les choses supérieures aient informé l’âme réellement et en vérité. On peut facilement acquérir la science de ce qui est au-dessous de l’homme.