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hagards, tu ne peux pas dire que c’est moi qui ai fait la chose. »

(Il ne prononce pas le nom du crime.)

Il y a dans son délire des paroles profondes. « Tout ce qu’un homme peut oser, je l’ose. Celui qui ose au delà, n’est pas un homme. »

Ainsi, le cri de la conscience humaine se fait entendre sous la pression infernale, et cette voix étouffée est magnifique en ce moment.

Pendant cette scène, lady Macbeth est restée impassible, attribuant tout à la mauvaise santé de son mari, et regrettant l’attaque de nerfs qui trouble le repas. Mais le moment arrive où lady Macbeth subit la contagion des visions infernales. Elle paye sa dette ; elle voit la tache de sang. La chose occulte qui domine et qui triomphe dans ce drame est plus affreuse que l’humanité la plus déchue, et tout crime humain reste au-dessous d’elle.

La mystique infernale a sa place dans la science catholique, dans la science universelle, mais, comme toute chose, plus que toute chose même, il faut qu’elle soit mise à sa place et éclairée par la lumière d’en haut. Plus elle est en elle-même éloignée de cette lumière, plus elle a besoin que celle-ci se rapproche pour la pénétrer entièrement. Entre tous les objets de la pensée, la mystique infernale est peut-être le plus vain et le plus dangereux, si elle s’attache à elle-même et s’éclaire de sa propre lueur. Or, c’est ce qui arrive dans Macbeth, et même il est difficile