lieu de la suivre simplement. Si elle est bonne, comment suis-je poussé au crime ? dit-il Mais si elle est mauvaise, comment débute-t-elle par une vérité ? Car je suis déjà thane de Cawdor.
La vraie science pourrait facilement répondre à Macbeth. L’esprit des ténèbres, qui est singe par-dessus tout, aime par-dessus tout la contrefaçon. Il sait quelle est l’action de la vérité sur l’homme ; et, voulant tromper, il cherche surtout à usurper les caractères de la vérité. Il se transforme en ange de lumière. Quand il est arrivé, par une conjecture, à découvrir un fait probable, il peut le prédire, et, au moyen de cette vérité, il donne un crédit plus assuré à ses prochains mensonges. Il peut parler d’un fait vrai ; il peut donner un bon conseil, pour se réserver la faculté d’en donner ensuite un mauvais, et le second s’appuiera sur l’autorité du premier. L’esprit des ténèbres aime à se servir d’une vérité pour étayer une erreur. Il aime à présenter un fait isolément vrai, pour tromper sur l’ensemble des choses. Il lui semble alors qu’il triomphe deux fois. D’abord il trompe, ce qui est le but de son effort, ensuite il fait servir la vérité à l’erreur qu’il patronne ; il tourne la réalité contre elle-même ; il fait entrer une chose vraie parmi les ingrédients de son mensonge, et son succès ne lui est pas indifférent. Macbeth pose très bien la question ; mais il la résout mal, parce que son cœur est impur. Shakspeare était nécessairement versé dans