Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Maintenant, l’œuvre étant connue dans son essence et dans son esprit, il peut être utile d’en remarquer, d’en étudier et même d’en admirer certains détails. Le drame habite les ténèbres. Mais si nous rapprochons de lui, malgré lui, la lumière, nous pourrons comprendre quelques-uns des secrets qu’il cache, et nous forcerons l’ombre à nous éclairer.

Macbeth, tu seras roi !

Tout le drame est dans cette parole. Quel esprit la prononce ? La réponse est dans l’effet produit. La prédiction éveille le désir du crime chez celui qui la reçoit, tu seras thane de Cawdor : telle avait été la première promesse. Elle s’accomplit immédiatement.

Macbeth réfléchit.

« Cette instigation surnaturelle ne peut pas être mauvaise, dit-il, mais elle ne peut pas être bonne. Si elle est mauvaise, pourquoi m’a-t-elle donné un gage de succès en commençant par une vérité ? Car je suis thane de Cawdor. Si elle est bonne, pourquoi cédé-je à une pensée dont l’image fait dresser mes cheveux d’horreur, et battre mon cœur contre mes flancs, malgré les lois de la nature qui le tiennent immobile ? »

Cette dernière pensée est juste, et Macbeth sent au fond de lui quelle est la voix qui a parlé. Sa conscience lui dit d’où vient la promesse, et la nature de son désir lui interdit le doute ; cependant il doute, parce qu’il veut douter. Il doute exprès, et afin de douter plus longtemps, il discute avec sa conscience, au