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zons ! Quelle perfection d’obscurité, c’est le chef-d’œuvre des ténèbres !

Dans le drame vrai, le mal ne serait que l’ombre, condamné à augmenter, par le contraste, l’éclat et l’effet du soleil. Ici le contraire arrive. Les bons sentiments que Macbeth témoigne au commencement du drame ne servent qu’à rehausser le triomphe des sorcières, à rendre plus éclatante leur victoire, et la chute de cet homme apparaît comme plus fatale. Les hirondelles mêmes, qui habitent son château et sur lesquelles le regard essayerait de se reposer, ne sont là que pour rendre plus noire la mort du roi Duncan, assassiné par son hôte dans ce château plein d’hirondelles, au moment où il se réjouit de leur vue, et de la pureté de l’air, attestée par leur présence.

La couronne est sur la tête des sorcières. Voilà l’horreur qu’il faut flétrir ; car il ne suffirait pas de la blâmer : il ne suffirait même pas de la détester. La haine est encore capable d’un certain genre de respect. Le mépris seul est à la hauteur de cette conception, qui introduit sur la scène les sorcières et leurs fourneaux, et leurs engins, et leurs paroles pour donner à ces monstres la force de promettre et celle d’exécuter, pour leur conférer, avec le don de prophétie, le don de puissance, pour poser l’enfer sur le trône, et pour faire tomber le rideau, sans qu’un démenti, sans qu’un repentir rassure et venge l’âme humaine.