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inspirée que détruite par l’esprit même et le souffle intime de l’œuvre ; l’auteur paraît subir la passion qu’il exprime ; il en sent les inconvénients : car il suffit pour cela d’être malheureux ; mais il n’en fait pas sentir, mépriser et détester le caractère intime. Car il faudrait, pour atteindre ce résultat, regarder la chose d’un œil lumineux, pacifié, purifié et ardent d’une ardeur calme. Ce qui est vrai d’Othello, dans l’ordre de la passion humaine, est vrai de Macbeth dans l’ordre de la passion infernale.

Macbeth ne suppose pas seulement la connaissance, mais l’instinct et le sentiment des choses infernales. Les sorcières ressemblent parfaitement aux oracles du paganisme ; comme eux, elles sont pleines d’épouvante, de tristesse et d’ambiguïté. Mêlant le vrai et le faux dans la proportion qu’il faut pour faire mentir la vérité même et la faire tourner au profit du mensonge, mêlant des paroles inintelligibles à des paroles flatteuses, caressant l’amour-propre, et excitant la colère, portant le trouble, le désordre, la fureur, la peur, l’ennui, le remords, et excluant la joie, même en promettant de satisfaire le désir, ces promesses horribles ressemblent au lieu d’où elles sortent ; leur caractère est évident ; l’authenticité de leur horreur éclate par toutes les voix dont elles disposent. Mais pas un rayon d’en haut ne vient consoler, ni éclairer, ni calmer celui qui les a entendues. Shakspeare reste dans les lieux d’en bas, et aime qu’on y reste