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phe qui conseillerait expressément d’assassiner un souverain pour monter sur un trône. Ceci serait le domaine du crime proprement dit, et non le domaine de l’erreur morale.

La seconde conclusion résulte d’une simple impression faite sur l’esprit du lecteur ; elle résulte du lieu où on l’a conduit, du parfum qui s’en dégageait, de l’air qu’on lui a fait respirer, des influences secrètes auxquelles on l’a soumis. Othello montre bien les inconvénients de la jalousie, mais jamais il ne la guérira, parce que la vertu de guérir réside dans un principe qui n’est pas là. Cette impression dont je parle ne résulte pas uniquement des intentions de l’auteur ; elle résulte de l’esprit caché qui réside, peut-être à son insu, dans son œuvre. Vous pourriez prêcher la pureté et produire l’impureté dans l’âme des auditeurs. Tout dépend du souffle qui sort de vous, du caractère de votre haleine, de la nature interne de votre respiration.

Or voici une chose évidente. Le poison exige un contre-poison. Si vous arrêtez fortement votre esprit, et l’esprit du lecteur sur l’abîme, vous êtes obligé de le guérir immédiatement ou plutôt de prévenir l’impression sombre par les parfums les plus purs, les plus sains, les plus fortifiants de la montagne. C’est surtout après l’orage que l’azur est nécessaire. Il ne faut pas montrer seulement les conséquences fatales du crime, il faut montrer les réalités absolument contraires à lui. Il faut reposer l’âme. Il ne faut pas seulement