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c’est le dénigrer ; c’est jeter un voile sur sa beauté vraie. C’est pourquoi la critique a le droit d’entreprendre contre M. Hugo la réhabilitation de Shakspeare.

Plus les volumes qu’on a écrits sur Shakspeare sont nombreux, plus il est étrange qu’on n’ait pas remarqué en lui la plus illustre expression de la mystique infernale. Macbeth est une des paroles les plus explicites qui aient jamais été prononcées dans ce sens-là, sur la terre. Si un homme, nourri de Goerres et des plus terribles traditions que l’humanité ancienne et moderne nous aient léguées, avait étalé dans un drame sa science et son érudition, cet homme eût écrit Macbeth, ou plutôt il eût essayé de l’écrire ; mais pour l’écrire réellement, il fallait un instinct vivant des choses infernales que l’étude seule ne donne pas.

Macbeth est un arsenal où tous les engins de l’enfer sont entassés les uns sur les autres. Mais, direz-vous, Shakspeare n’approuve pas, il raconte et il condamne. — Ceci est évident et ne détruit rien de ce qui a été dit. Shakspeare n’approuve ni les sorcières, ni le meurtre de Duncan, ni celui de Banco, ni la série des crimes, où le nouveau roi s’engage, mais il faut distinguer dans toute œuvre philosophique ou artistique deux éléments moraux, deux significations, deux enseignements, deux conclusions. La première conclusion résulte d’un enseignement directement donné. Tel serait l’acte d’un poète ou d’un philoso-