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de l’alouette est saisissante. L’intervention de la nature indifférente apparaît ici sous un jour terrible, et le caractère ardent que l’âme humaine donne aux choses est marqué en traits de feu. C’est l’alouette, c’est l’alouette oh ! comment a-t-on pu dire que sa voix était douce et sa mélodie charmante ?

Bien que cette réflexion vienne du poète et non de Juliette, qui ne l’eût pas exprimée dans le moment suprême de l’adieu, elle est superbe et vraie ; elle éclaire la nuit indifférente et cruelle d’un tel éclair de passion ; que le lecteur reste frappé comme si une révélation venait de lui être faite sur l’homme et sur la nature.

Mais si, quittant l’exception, nous rentrons dans la règle, nous entendons Roméo dire, au moment même où il fond, l’épée à la main, sur Tybalt : « Modération, respect, douceur, loin de moi, remontez au ciel auquel vous appartenez. À moi, fureur étincelante ! À moi les armes et le sang ! »

Qu’on essaye de se figurer ce jeune homme furieux au point d’oublier son amour et son mariage, qu’on essaye de se le figurer constatant que la modération appartient au ciel, la renvoyant d’où elle vient, déclarant que ce n’est pas elle qui lui convient pour le moment, mais qu’il préfère les armes et le sang ! Si cette apostrophe à la modération, ce conseil plein de prudence qui la renvoie du lieu d’où elle vient, si ces froideurs rhétoriciennes se trouvaient dans un ouvrage moderne, il est