cez. L’amour du laid vous entraîne même plus bas que le réel, qui est déjà si loin du vrai ; vous dépassez la mesure, tant vous êtes faible ; vous exagérez, tant vous êtes infirme ! À force d’adorer le cabaret, Shakspeare oublie l’état physique d’un homme qui meurt. Entraîné par son goût, il commet des excès de zèle. Quand M. Hugo a fait vœu d’admirer tout, avait-il bien pensé les conséquences de cet engagement ? Le fameux drame de Roméo et Juliette est le monument même que l’amour a élevé de ses mains. M. Alexandre Dumas fils ne le considère pas autrement. Il dispense Juliette, à cause de sa grandeur, des lois qu’il impose aux vulgaires humains. C’est pourquoi il est intéressant de constater quel est, dans Roméo et Juliette, le caractère dominant du dialogue. C’est une série fatigante de plaisanteries imbéciles et de raisonnements compliqués. Ces gens-là discutent continuellement, et le dithyrambe emphatique qui s’élève parfois du fond de cette boue sanglante est aussi froid que la subtilité querelleuse ou amoureuse dont il est précédé et dont il est suivi. Ce galimatias voudrait devenir fureur ou devenir tendresse, mais il reste galimatias.
Il est assez difficile de se bien figurer à quel point les hommes sont dupes. On dirait que quelques malicieux personnages leur inspirent des admirations à contresens et placent sur leurs yeux un bandeau sui generis, qui leur cache leur situation. Roméo et Ju-