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rionnettes étalent leur rhétorique querelleuse ou amoureuse aux yeux de tous les passants. C’est le contraire de la profondeur, et le contraire de la solennité.

La mort est traitée par Shakspeare avec aussi peu de respect que l’amour.

Mercutio vient de recevoir le coup dont il va mourir au bout d’une minute.

« Le coquin, dit-il, m’a fait une ouverture un peu moins profonde qu’une margelle de puits, un peu moins large qu’une porte cochère. C’est égal, la vie s’en ira par là. Demain, faites demander l’adresse de Mercutio, on vous répondra : Au cimetière ! Adieu à ce monde-ci, me voici poivré… etc. »

M. Hugo a nommé le Cabaret du Sublime. Voici le cabaret, mais le sublime manque. Si ces plaisanteries étaient placées dans la bouche d’un homme ivre, elles seraient pitoyables en elles-mêmes ; mais sur les lèvres d’un mourant, dans la minute qui précède le dernier soupir, elles ne sont pas seulement stupides, elles ne sont pas seulement odieuses, elles sont physiquement, matériellement impossibles ; et quand on a la prétention de calquer la nature, il ne faudrait pas ainsi se moquer d’elle.

Si vous croyez que les farces appartiennent à l’art parce qu’elles appartiennent à la nature, ayez au moins la logique de votre erreur, et ne leur donnez pas dans l’art une place que la nature leur refuserait. La hideuse verve de ce mourant est impossible, là où vous le pla-