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contre eux que de s’en servir indignement. Ils se passent volontiers de commentaires, mais ils ne se passent pas de respects. S’il y a des choses supérieures aux pourquoi, il y a des choses qui leur sont inférieures, et quand il s’agit de celles-ci, il n’est pas permis d’invoquer le grand parce que.

Que répondrait le grand parce que, si on lui demandait pourquoi Roméo et Juliette sont deux petits rhétoriciens, si froids et si ennuyeux ? L’immense préjugé qui promène l’erreur sur toute l’histoire littéraire et philosophique, interdit, je ne l’ignore pas, de dire la vérité sur quoi que ce soit. Si l’ouvrage est inconnu, si l’auteur est vivant, quel que soit le genre déployé, il faut dire tout au plus que le livre contient des germes, des espérances, qu’il y a là des promesses pour l’avenir, etc.,

Si le livre est très vieux et très connu, on est obligé de le croire sublime, et les restrictions que les plus hardis osent proposer sont lancées d’une main tremblante. On dirait que le pauvre audacieux a peur du sacrilège qu’il commet. Il est vrai que si le livre est réellement sacré, s’il porte le nom d’un saint, s’il a ce malheur-là, sa vieillesse lui devient inutile. Tout le monde a la permission de se moquer de lui, et la loi littéraire qui protège tout ce qui est vieux se trouve abrogée vis-à-vis de lui par la sainteté de l’œuvre et de l’auteur.

Vis-à-vis de Shakspeare, comme Dieu n’est pas là, l’admiration est ordonnée par ce pré-