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lie, se multiplie, verdit, fleurit, s’embranche à tous les rêves. L’arabesque est incommensurable. Il a une puissance énorme d’extension et d’agrandissement. Il emplit des horizons et il en ouvre d’autres. Il intercepte les fonds lumineux par d’innombrables entre-croisements, et si vous mêlez à ce branchage la figure humaine, l’ensemble est vertigineux, c’est un saisissement : on distingue à claire-voie, derrière l’arabesque, toute la philosophie ; la végétation vit, l’homme se panthéise, il se fait dans le fini une combinaison d’infini ; et devant cette œuvre où il y a de l’impossible et du vrai, l’âme humaine frissonne d’une émotion obscure et suprême. »

Vraiment, Victor Hugo avait le droit de ne pas écrire ainsi. Il ajoute, il est vrai, cette restriction tardive et insuffisante : Il ne faut laisser envahir l’édifice par la végétation ni le drame par l’arabesque.

La preuve que Victor Hugo méritait de se prendre au sérieux et qu’il a tort de jouer avec les mots le jeu du caprice et de l’antithèse, qu’il a écrit ce mot : L’Art a, comme l’Infini, un Parce que supérieur à tous les Pourquoi. Malgré la confusion panthéistique de l’art et de l’infini, on sent que l’auteur de cette parole pouvait, en la rectifiant, toucher au sublime.

Mais le sublime est la chose dont l’abus est le plus dangereux. Les mots sublimes veulent des applications sublimes. C’est un attentat