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peut-être pas éloigné où tu auras besoin de toute ta commisération pour toi-même. Est-ce que tu sais comment tu finiras, toi ?

Mais revenons aux poèmes et légendes qui sont rassemblés dans ce livre. J’ai indiqué au-dessus de chaque partie la date de sa naissance. C’est un service dont me sauront gré les critiques investigateurs, qui aiment à poursuivre dans les œuvres d’un poète les origines de sa pensée et à découvrir les tendances secrètes de son esprit pendant les différentes phases de sa vie. Mes premières productions lyriques se trouvent dans les Nocturnes, et datent de 1816. Ce sont les quatre premiers morceaux, et ils appartenaient à un cycle de folles visions. À la même époque j’ai écrit les Deux grenadiers, et cette production juvénile fut imprimée en 1822 à Berlin dans mon premier recueil de poésies. Je fais cette remarque chronologique pour n’avoir pas l’air de marcher sur les brisées d’un poète autrichien.

J’ai dit que dans les Nocturnes se trouvent les premiers vagissements du poète lyrique ; ses derniers soupirs, j’allais dire son râle de mort, se trouvent à la fin de ce volume, dans une série de lamentations que j’ai intitulée le Livre de Lazare. La traduction est l’œuvre d’un littérateur aussi sagace qu’élégant, et qui a réussi mieux que beaucoup de ses compatriotes, à s’approprier les trésors intellectuels de la grave et docte Allemagne sans sacrifier à cette acquisition les qualités raisonnables et généreuses qui appartiennent au génie français. Je n’ai