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dans ma splendeur ailée, je folâtrais joyeusement au sein de l’éther natal, où je me balançais sur les héliotropes,

« Où je puisais ma nourriture au calice des roses, où j’étais une créature distinguée, où je fréquentais les papillons, race aristocratique, et la cigale, brillante artiste.

« Maintenant mes ailes sont brûlées, je ne puis retourner dans mon pays, je suis un ver, je meurs et je pourris dans une fange étrangère.

« Oh ! plût à Dieu que je n’eusse jamais connu la demoiselle, la coquette bleue à la fine taille, — la belle, la perfide créature. »


X
AU CIEL

Le corps était sur la civière ; mais la pauvre âme, arrachée au tumulte d’ici-bas, était déjà sur le chemin du ciel.

Arrivée là-haut, elle frappa à la grande porte, soupira profondément, et prononça ces paroles : « Saint Pierre, viens, ouvre-moi ! Je suis si fatiguée de ma besogne terrestre ; je voudrais m’étendre sur des coussins de soie dans le royaume du ciel, je voudrais jouer à