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Tu étais une blonde jeune fille, si gracieuse, si gentille, — et si froide ! Vainement j’attendais l’heure où ton cœur s’ouvrirait pour laisser jaillir l’enthousiasme,

L’enthousiasme de ces choses sublimes que le sens commun et la prose estiment peu, il est vrai, mais pour lesquelles tout ce qu’il y a de noble, de beau et de bon sur cette terre brûle, souffre et saigne.

Aux bords du Rhin, près des coteaux couverts de vignes, nous allions jadis pendant les jours d’été. Le soleil riait ; du calice amoureux des fleurs s’exhalaient des parfums embaumés.

Les œillets de pourpre et les roses nous envoyaient de rouges baisers qui brûlaient comme des flammes. Dans les plus humbles pâquerettes, une vie idéale semblait s’épanouir.

Mais toi, tu marchais tranquille auprès de moi, dans ta blanche robe de satin, chaste et digne comme ces images de jeunes filles que dessine le pinceau de Netscher. Ton cœur dans ton corsage était comme un petit glacier.

6

Devant les assises de la raison, tu as été complétement absoute. L’arrêt porte ces mots : La petite, ni par paroles, ni par action, n’a violé une promesse.