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« Le président de la société pour le perfectionnement des tulipes à Delft est un très-habile homme ; mais il n’a pas la moitié de votre esprit.

« Vite ! de la musique ! de la musique ! Je donnerai un bal aux noirs sur le pont, et gare à celui que la danse n’amusera pas ! Nous le régalerons de coups de fouet. »


2

Du haut de la voûte bleue du ciel, des milliers d’étoiles regardent, toutes brillantes de désirs, connue de grands yeux intelligents, comme des yeux de belles femmes.

Elles regardent en bas vers la mer, couverte au loin des vapeurs pourprées du phosphore. Les vagues murmurent voluptueusement.

Aucune voile ne flotte sur les mâts du navire négrier. Il est comme dépouillé de ses agrès ; mais des lanternes brillent sur le pont à l’endroit où s’ébattent la musique et la danse.

Le pilote joue du violon, le cuisinier souffle dans une flûte, un matelot bat du tambour, et le docteur sonne de la trompette.

Environ cent nègres, hommes et femmes, poussent des cris de joie, et sautent et gambadent comme des fous. À chacun de leurs mouvements, les chaînes résonnent en cadence.

Ils broient sous leurs pieds les planches avec des sauts