« J’avais besoin de revoir même ces stations de douleur où j’ai traîné, couronné d’épines, la croix de ma jeunesse.
« Je voulais pleurer encore où j’ai pleuré jadis, où jadis ont coulé mes larmes les plus amères. Je crois que l’on nomme amour de la patrie ce fou désir.
« Je n’aime pas à en parler ; ce n’est au fond qu’une maladie. Mon cœur pudique cache toujours sa blessure à la foule.
« Je hais ce tas de gueux qui, pour émouvoir les masses en leur faveur, étalent sur les places publiques toutes les plaies, tous les ulcères puants de leur patriotisme.
« Ce ne sont que d’éhontés mendiants ! La charité, messieurs et mesdames ! Ils veulent avoir l’aumône — Un sou de popularité à Menzel et à ses Souabes !
« Ô ma déesse ! tu m’as trouvé aujourd’hui dans une disposition sentimentale ; j’ai le vin tendre. Je suis un peu malade, mais cette maladie ne durera guère longtemps, et je serai bientôt guéri.
« Oui, je suis malade, et tu pourrais me ranimer grandement le cœur avec une bonne tasse de thé; tu y mettras du rhum. »