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ces régions du nord en cette saison ? le temps est déjà à l’hiver. »

— « Oh ! ma déesse ! lui répliquai-je, il repose tout au fond du cœur humain bien des pensées qui s’éveillent souvent mal à propos.

« Extérieurement j’étais assez heureux, mais intérieurement je me sentis le cœur serré, et ce serrement de cœur croissait de jour en jour ; j’avais le mal du pays.

« Cet air de France, ordinairement si léger, commençait à me peser ; il me fallait respirer l’atmosphère de l’Allemagne pour ne pas étouffer.

« Je regrettais la senteur de la tourbe de nos poêles allemands, je désirais humer l’odeur du tabac de nos pipes allemandes ; mon pied tremblait d’impatience de fouler le sol natal.

« La nuit, je soupirais et j’éprouvais un ardent désir de revoir la pauvre vieille qui demeure non loin du Dammthor ; ma sœur Charlotte demeure tout près.

« Et j’ai soupiré plus d’une fois en pensant à ce noble vieillard qui m’a toujours si vertement tancé. Je voulais entendre encore de sa bouche ces mots de : grand imbécile ! qui m’ont toujours résonné dans le cœur comme une douce musique.

« J’avais besoin de revoir la blanche fumée qui s’élève des cheminées allemandes, de marcher sur les bruyères de la basse Saxe et dans ses bois de sapins ;