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chanter, qui chassa la fièvre avec ses rêves. Je me réveillai à Minden dans mon lit inondé de sueur. L’aigle de Prusse était redevenu une sotte campane.

Je pris la poste, et je ne pus respirer librement que lorsque je fus en dehors de la forteresse, au milieu de la libre nature, sur le sol de Bukkeburg.


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Ô Danton ! tu t’es bien trompé, et tu as payé cher ton erreur ! On peut emporter la patrie sous la semelle de ses souliers.

La demi-principauté de Bukkeburg, ne l’ai-je point emportée au talon de mes bottes ? Jamais je n’ai vu de ma vie des routes aussi fangeuses.

À Bukkeburg je descendis de voiture pour aller voir le château où est né mon grand-père ; ma grand’mère était de Hambourg.

J’arrivai à Hanovre vers midi, et je me fis décrotter. Je sortis aussitôt pour parcourir la ville. J’aime à voyager avec fruit.

Seigneur Dieu ! voilà ce qui s’appelle de la propreté ! Ici la boue n’est pas dans les rues. On y voit maint édifice superbe, masses tout à fait imposantes.

Une grande place surtout, entourée de magnifiques