Page:Heine - Poëmes et légendes, 1861.djvu/255

Cette page n’a pas encore été corrigée

Maudite campane ! toute la nuit elle n’a fait que me priver de sommeil ; elle était suspendue sur ma tête, menaçante comme l’épée de Damoclès.

Parfois elle me faisait l’effet d’une tête de serpent, et je l’entendais me siffler mystérieusement à l’oreille : « Te voilà dans la forteresse, et tu y resteras ; tu ne peux plus m’échapper ! »

Oh ! que ne suis-je, soupirai-je, que ne suis-je chez moi, près de mon excellente femme, à Paris, dans le faubourg Poissonnière.

Parfois aussi je sentais quelque chose passer sur mon front, on eût dit une froide main de censeur, et dans mon cerveau mes pensées furent paralysées.

Des gendarmes drapés dans des linceuls entouraient mon lit comme des spectres, et j’entendais aussi un bruit de chaînes peu récréatif.

Hélas ! les fantômes armés m’entraînaient, et à la fin je me trouvai attaché à un rocher à pic.

Cette atroce et sale campane qui surmontait mon ciel de lit, je la retrouvai là. Mais maintenant c’était un vautour au noir plumage, aux serres aiguës.

Ce vautour ressemblait, à s’y méprendre, à l’aigle de Prusse ; cramponné sur mon corps, il me dévorait le foie dans la poitrine.

J’ai pleuré et gémi. J’ai pleuré longtemps, jusqu’à ce que le coq vînt à