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paille, mille soldats, gaillards à longue barbe, aux traits fiers et belliqueux.

Ils sont armés de pied en cap ; pourtant pas un de ces braves ne remue, pas un ne bouge, ils gisent immobiles et dorment.

Dans la troisième salle sont des piles d’épées, de haches, de piques, de casques d’argent et d’acier, de vieilles armes à feu.

Peu de canons, assez pourtant pour former un trophée. Au sommet flotte un drapeau aux couleurs noire, rouge et or.

L’empereur habite la quatrième salle. Depuis bien des siècles il est assis sur la chaise de pierre, devant sa table de pierre, la tête entre ses mains.

Sa barbe, qui descend jusqu’à terre, est rouge comme le feu. Par moment il remue la paupière, d’autres fois il fronce le sourcil.

Dort-il ou médite-t-il ? c’est ce que l’on ne peut savoir. Mais quand l’heure sonnera, il secouera fortement sa léthargie séculaire.

Il saisira le fidèle drapeau et criera : « À cheval, à cheval ! » Son peuple de cavaliers s’éveillera et se lèvera avec un bruit d’armures.

Chacun s’élance sur son cheval qui hennit et bat du