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la porte. C’était la tête du pauvre cheval sur lequel elle était venue dans la terre étrangère.

La fille de roi disait en soupirant : « Ô Falada ! dire que te voilà pendue ! » La tête de cheval répondait : « Ô malheur ! dire que tu mènes paître les oies ! »

La fille du roi disait en soupirant : « Ah ! si ma mère le savait ! » La tête de cheval répondait : « Son coeur se briserait de douleur. »

Pour mieux écouter, je suspendais mon haleine quand la vieille baissait la voix, et d’un ton plus grave commençait à parler de Barberousse, de notre mystérieux empereur.

Elle m’assurait qu’il n’était pas mort comme les savants le prétendent, qu’il restait caché dans une montagne avec ses compagnons d’armes.

La montagne s’appelle Kiffhauser, et dans ses flancs se trouve une caverne. Des lampes illuminent d’une clarté fantastique les salles aux voûtes profondes.

La première salle est une écurie, et là on peut apercevoir mille chevaux aux caparaçons étincelants devant leur crèche.

Ils sont sellés et bridés ; pourtant pas un seul ne hennit, pas un seul ne piétine. — Ils sont immobiles comme s’ils étaient coulés en fer.

Dans la seconde salle, on voit des soldats couchés sur la