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les coutumes de Rome. Il y aurait des Vestales même à Munich ; les Souabes s’appelleraient Quirites.

Hengstenberg serait un aruspice et fouillerait dans les entrailles de taureaux ; Neander serait un augure et considérerait, son nez au vent, le vol des oiseaux de Berlin.

Mme Pirch-Pfeifer boirait de la térébenthine, comme jadis les dames romaines (vous savez que c’était pour parfumer — vous savez quoi).

Raumer ne serait pas un barbouilleur allemand ; ce serait un scribe romain. Freiligrath ferait des vers sans rime, comme jadis Flaccus Horatius.

Le grossier mendiant, père Jahn, porterait fièrement la toge puante. — Me hercule ! Massmann parlerait latin et s’appellerait Marcus Tullius Massmannus !

Les martyrs de la vérité se prendraient aux cheveux dans les arènes avec les lions, les hyènes et les chacals, au lieu d’avoir affaire avec des chiens dans les petits journaux.

Nous aurions un seul Néron à cette heure, au lieu de trois douzaines de pères de la patrie. Nous nous couperions les veines pour faire la nique aux valets du despotisme.

Schelling prendrait un bain comme un Sénèque et finirait au moins comme un philosophe. Nous dirions à notre illustre peintre Cornelius : Cacatum non est pictum.